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Legaltechs : est-on à la veille d'une accélération ?

Dernière mise à jour : 14 janv. 2020



La fin d'année a été l'occasion de faire un point sur le marché des Legaltechs, après bientôt 10 ans d'existence.

Les premiers acteurs sont apparus en 2007 et 2008 aux Etats-Unis et au Canada (Rocket Lawyer, Clio, Avvo...) et visaient le marché des avocats sous un modèle cloud et des abonnements mensuels, payés par les avocats.

12 ans plus tard, ces acteurs ont levé chacun plus de $100M (parfois $300M comme Clio), se sont internationalisés et démontrent tous les jours leur valeur ajoutée au sein des cabinets.


En France, les choses ne sont pas aussi simples. D'abord les acteurs sont arrivés 5 ans plus tard (Jarvis Legal en 2013, Justifit (ex-mon-avocat) en 2015, Doctrine en 2016...). Ensuite, les levées de fonds sont 50 fois plus petites (entre 2 et 10M€) et concentrées sur quelques acteurs précis.


Est-ce le marché des avocats qui, trop peu réactif, ne génère pas de traction permettant d'envisager des valorisations et des levées de fonds significatives ?

Ou bien les acteurs de la Legaltechs sont-ils trop frileux, mal organisés et ne parviennent pas à saisir le momentum du marché ?


Cette situation a été résumée en décembre dans 2 articles parus dans les Echos, et qui s'appuient notamment sur les analyses de plusieurs investisseurs (Serena Capital, Iris Capital) et les nôtres.


Legaltech : la difficile structuration du marché français


C'est le titre du premier article qui s''intéresse aux levées de fonds et aux différents acteurs de la legaltech (230 sociétés sont recensées par l'Observatoire permanent de la legaltech).


En séparant les acteurs BtoB (Doctrine), s'adressant aux professionnels, et les BtoC, s'adressant au public (à l'instar de Legalstart), on entrevoit déjà une première distinction au sein du marché. Par ailleurs, les acteurs détenus par des avocats ou des professionnels du droit (27% d'entre eux) ou lancés par des entrepreneurs constituent une deuxième distinction. Enfin, et malgré le peu d'informations disponibles, il faut distinguer le stade de maturité des start-ups : beaucoup ont un produit, peu ont des clients réguliers et nombreux.


C'est là bien sûr l'une des explications des difficultés du marché : malgré une offre désormais importante et variée, les professionnels du droit restent prudents et peu enclin à s'engager, comme client, auprès de ces acteurs.


Les legaltechs font face à des freins réglementaires et culturels


Dans ce deuxième article, on peut constater que la réglementation est également une source d'interrogation pour certains acteurs. Les start-ups touchant aux domaines réservés du droit, comme Predictice ou Doctrine, sont confrontées aux interrogations sur leur légitimité à proposer leur service, sur les techniques qu'elles emploient, sur le risque qu'elles feraient prendre aux avocats. Pourtant, le soutien de Wolter Kluwers pour 5M€ d'une part, les 10M€ investis chez Doctrine d'autre part, laissent penser que ces freins sont en train de céder.


Les ordres en revanche sont plus ambivalents. Impliqués et motivés dès qu'il s'agit de soutenir médiatiquement les incubateurs et l'innovation, les initiatives restent dévolues aux avocats eux-mêmes (en excluant les entrepreneurs non-avocats) et surtout manquent cruellement de moyens. Les budgets alloués à l'innovation dans les écoles de formation, aux aides à l'innovation ou au soutien des initiatives restent très faibles.


Les prochaines années seront décisives


Néanmoins, le marché se met en place et devrait permettre des avancées prochainement. En effet, une offre structurée, variée et financée est apparue, et bien qu'imparfaite, délivre de la valeur tous les jours.

Du côté de la demande, les multiples pressions auxquelles sont soumis les avocats les incitent à chercher de nouvelles façons de travailler en réseau, à dialoguer avec leur client, à organiser leur production juridique.


Nous pensons donc que la phase d'évangélisation du marché touche à sa fin.


Progressivement, il va s'agir davantage de convaincre et de prouver, et non d'expliquer et de faire prendre conscience. Cette deuxième phase, moins tournée vers la communication mais plus vers la vente, sera l'occasion de faire le tri entre les produits et services à faible valeur ajoutée et ceux qui apportent réellement des avantages compétitifs aux professionnels du droit.


Alors pourra démarrer la phase de transformation véritable, au cours de laquelle les Ordres et les leaders d'opinion seront des forces de changement et d'incitation, et non plus des arbitres indifférents. Ce jour-là, tous les professionnels du droit embarqueront dans le changement, pour le meilleur. Si en revanche le conservatisme l'emporte, alors le vent du changement soufflera chez nous depuis l'étranger, emportant avec lui une grande part de la richesse produite en France !

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